mardi 13 novembre 2007

Manicore 3 : le changement climatique

Ça y est le voilà ! Ça fait un moment que j'ai entamé cet article mais j'ai mis du temps à l'achever. Voici donc un nouvel article un peu long tiré du site www.manicore.com de Jean-Marc Jancovici.

1) Le changement climatique, c'est pareil que le réchauffement climatique ?

En fait, on parle surtout du réchauffement climatique, mais ce n'est qu'un des aspects du changement climatique dans sa globalité. En effet, l'impact de l'homme sur la planète ne se traduit pas uniquement par l'augmentation de la température moyenne. C'est pourquoi le terme de "réchauffement climatique" est inexact, il vaut mieux parler de "changement climatique".

2) Qu'est-ce que le climat ?

Pour pouvoir parler de changement climatique, il faut déjà savoir exactement ce qu'on entend par "climat". Les éléments qui constitue le climat sont les suivants :
  • la quantité de soleil (d'énergie solaire) qu'on reçoit, qu'on appelle l'insolation
  • la température
  • les précipitations et l'humidité de l'air
  • le vent
  • la pression atmosphérique
  • le champ électrique, l'ionisation et la composition chimique de l'atmosphère

Pour chacun de ces critères, on peut mesurer et comparer les moyennes (annuelles et saisonnières par exemple) et l'évolution de ces moyennes. Il est important aussi de connaître la variabilité de ces critères, c'est-à-dire de connaître les valeurs extrêmes (minimum et maximum) autour de la moyenne.
Une modification de la moyenne ou de la variabilité peut être source de problèmes.

3) Que savons-nous ?

La communauté scientifique s'accorde sur le fait que l'effet de serre augmente, donc la température moyenne va augmenter et le niveau des océans va augmenter aussi. Les différents modèles climatiques mis en place par les scientifiques aboutissent tous à cette conclusion et ils sont fiables.
La seule inconnue restante est : de combien ? La réponse dépend aussi de notre prise de conscience et de l'évolution de nos émissions de gaz à effet de serre. Les modèles climatiques, basés sur des hypothèses différentes d'évolution des émissions de gaz à effet de serre, prévoient une augmentation de 0.5 à 6°C d'ici 2100. Ils prévoient également une augmentation des précipitations sans pour autant savoir si il pleuvra plus souvent ou plus fort.
L'augmentation de température sera plus sensible la nuit que le jour, l'hiver que l'été et aux pôles plus qu'aux latitudes moyennes ou vers l'équateur.
Il est important de noter que cette augmentation ne s'arrêtera pas en 2100 et qu'elle pourrait doubler à terme (jusqu'à 10°C d'augmentation environ suivant les modèles) même si nous arrêtions nos émissions de gaz à effet de serre demain.

4) Quels sont les autres effets possibles ?

On ne sait pas s'il existe des seuils à ne pas dépasser au niveau de la planète et on ne connaît pas les conséquences si ces seuils sont atteints ou dépassés. Mais au niveau local, on sait par exemple qu'une élévation de 2°C conduira très probablement à la disparition des coraux.
Certains modèles ont étudié l'évolution de la variabilité des éléments du climat, notamment sur le cycle de l'eau et tous sont arrivé à la conclusion que les phénomènes extrêmes locaux vont probablement augmenté : tempêtes, ouragans, inondations, sécheresses, gelées, canicules ...

Les végétaux sont très sensibles aux précipitations. Un déplacement trop rapide de la zone favorable à la croissance d'une plante peut entraîner sa disparition. On estime que la "vitesse de migration" des plantes varie entre 4 et 200 km par siècle. Or d'après le GIEC une augmentation de 3°C correspondrait à un déplacement de zones favorables d'environ 500 km. De plus, certains végétaux ont besoin du froid pour produire des graines mais aussi pour se protéger des insectes. Les écosystèmes pourraient être déséquilibrés voire pour certains disparaître ...

L'augmentation de la concentration de CO2 de l'air engendrera une augmentation de la concentration de CO2 des océans. Ceci aura pour effet de rendre l'eau un peu plus acide et les organismes marins auront plus de difficultés pour fabriquer le calcaire de leur coquille ou leur squelette.

Un des gros risques du changement climatique est la perturbation des courants océaniques du globe. Ces courants sont de 2 natures :
  1. Les courants horizontaux dus aux vents principalement.
  2. Les courants verticaux dus au changement de densité de l'eau en fonction de la température et de la salinité.
Le "moteur" de cette circulation verticale se situe en mer de Norvège et en mer du Labrador : les eaux de surface du Gulf Stream s'évaporent (donc la salinité augmente) et se refroidissent, ce qui augmente la densité de l'eau. De plus en hiver, la formation de la banquise au Groënland augmente encore la salinité, donc la densité. Les eaux de surface alourdies plongent dans les profondeurs.
Le réchauffement de ces 2 mers cumulé à la fonte de la banquise ferait augmenter la température et diminuer la salinité donc l'eau serait moins dense et ne plongerait plus dans les profondeurs, désamorçant cette "pompe" qui active les courants. C'est ce qui s'est passé lors des dernières glaciations. Des études montrent que la salinité des eaux profondes dans la mer du Labrador a déjà diminué, ainsi que la circulation des eaux profondes. Toutefois, il est peu probable que le Gulf Stream s'arrête [1] même si il va plus certainement ralentir. En revanche, la baisse de salinité pose d'autres problèmes dans la chaîne alimentaire marine.

4) Et nous ?

Le réchauffement risque de favoriser le développement et les mutations des virus et bactéries. D'autre part, les concentrations urbaines ajoutées à la facilité de déplacement avec les avions augmentent les risques d'épidémie et il y aura probablement plus de phénomènes extrêmes. Il se peut également qu'on dispose de moins d'énergie pour répondre à ces problèmes. Donc il se peut que nous soyons plus exposés à des problèmes de santé, de famine, de froid ou de canicule.

Mais la question la plus importante est : quelle sera notre réaction quand les problèmes commenceront à apparaître ?
Que se passera-t'il si le Maghreb devient un immense désert, si le Bangladesh se retrouve en partie immergé, si la famine ou la maladie s'abat sur telle ou telle région de la planète ? De façon générale, on peut supposer que des migrations de population découleront des changements climatiques locaux, c'est-à-dire que les gens quitteront les zones défavorables pour aller vers les zones favorables. Que se passera-t'il quand ces populations viendront frapper aux frontières des pays en zone favorable ?
Mais au fait : n'est-ce pas déjà ce qu'il se passe même si ce n'est pas forcément pour des raisons écologiques ou climatiques ? Et l'accueil me semble de moins en moins bon avec les renvois par avion ou autre test ADN. Que se passerait-il si un jour c'était l'inverse - que la France soit la zone défavorable par exemple ? Les citoyens étrangers que nous rejetons aujourd'hui accepteraient-ils de nous accueillir demain dans leur pays ?
Ajouter à cela une crise économique mondiale avec toutes les conséquences que cela peut avoir.
Et si toutes les tensions géopolitiques augmentent alors même que la plupart des pays sont maintenant équipés d'armes de destruction massive, saurons-nous rester sereins et gérer cela intelligemment ?


[1] : Le scénario du film catastrophe "Le jour d'après" est basé sur ce phénomène et illustre de façon romancée le franchissement du seuil et les conséquences.
Sources sur Manicore :
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  3. L'ozone

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