jeudi 9 octobre 2008

C'est la crise !!!

J'hésite depuis le début de semaine à écrire un billet sur la crise financière de ces derniers jours car j'ai peur de dire plein de bêtises mais tant pis, je me lance finalement.

Tout d'abord, je tiens à préciser (au cas où vous ne me connaitriez pas déjà) que je ne suis ni économiste, ni financier, ni quoi que ce soit d'approchant et que si je dis des âneries, je serai ravi d'avoir des commentaires pour me corriger et m'expliquer. Cela étant dit, je vous livre mon ressenti.

Les indicateurs de la Bourse dégringolent depuis lundi : après la forte chute de lundi, la stagnation de mardi, la deuxième chute de mercredi, il semble qu'aujourd'hui soit une autre journée de stagnation.
D'un point de vue purement idéologique, je me réjouis de ce krach boursier qui signifie un peu la faillite du capitalisme et de la spéculation à outrance. Est-ce que ça va durer ? Je n'en sais rien du tout mais les solutions envisagées me laissent sans voix : les gouvernements et les banques centrales injectent de l'argent par milliards pour racheter ou assainir les banques. Mais d'où vient cet argent ??? Forcément des contribuables à un niveau ou un autre, non ? En résumé, quand les banques vont bien et qu'elles font des bénéfices, seuls les actionnaires en bénéficient et quand elles vont mal, comme on ne peut pas s'en passer à l'heure actuelle, on injecte de l'argent pour les aider (heureusement il y a quand même quelques exceptions, il y en a qui coulent).

Bilan : privatisation des bénéfices, nationalisation des pertes

Ben ça, ça me révolte vraiment, ils gagnent à tous les coups. Un peu comme les parachutes dorés : qu'on coule la boite ou qu'on la fasse fructifier, celui qui part gagne un max.

Deuxième solution : on rabaisse les taux pour relancer la croissance. Arrêtez moi si je me trompe mais c'est pas déjà ce qui s'est passé en 2001 après le 11 septembre et qui nous a conduit aujourd'hui à la crise dite des subprimes ? Ça veut dire quoi ? On s'est planté mais on y retourne ?
Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux réfléchir un peu pour trouver des solutions viables ? En plus, comme d'habitude, ceux qui trinquent le plus sont ceux qui ont peu de moyens et qui ont voulu investir dans l'achat d'une maison à faible taux en faisant confiance à leur gouvernement et qui se retrouvent maintenant le couteau sous la gorge à ne plus pouvoir payer leur prêt et à devoir vendre leur maison à des prix ridicules. Et à qui ça va profiter ? Aux spéculateurs qui ont des liquidités et qui vont pouvoir racheter de l'immobilier à bas prix et le revendre dans quelques temps en faisant des bénéfices.

La solution qui me vient tout de suite en tête est la taxe Tobin, suggérée dès 1972 (c'est pas tout jeune) qui consiste à prendre un faible pourcentage des transactions monétaires internationales. Dans un premier temps, ça calme un peu les ardeurs pour la spéculation (rappelons que la spéculation est une des principales causes de la flambée du baril de pétrole). Dans l'idée, l'argent récolté permet d'aider les pays les plus défavorisés mais on pourrait aussi imaginer qu'une partie permettrait de constituer un fond de réserve dans le cas des crises financières par exemple (je dis ça sans rien y connaitre, je le rappelle mais pourquoi pas après tout ?).

Bref, je suis complètement opposé à ce système de spéculation et j'ai toujours refusé les produits boursiers que mes différents banquiers ne manquent jamais de me proposer et j'en suis bien content aujourd'hui. Mais je trouve ce système vraiment révoltant et je prie de tout cœur qu'on en sorte un jour ...

Bon, je ne parle même pas du pillage des ressources africaines qu'engendre cette spéculation ...

Allez maintenant lâchez vous et dites moi que je me plante complètement ...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a quelques mois, dans un article de Sciences et Vie, j'avais lu un article sur un modèle mathématique qui régissait la bourse : les modèles de Nash et dérivés.

Conclusion de l'article ? L'évaluation du risque proposée par le modèle était en décalage avec la réalité et ce qui est normalement constaté : le modèle "lisse" les crises et les fortes variations...

Il faudrait donc remettre à plat les modèles théoriques utilisés en bourse, afin d'évaluer le risque réellement.

Autre remarque, aujourd'hui, les personnes les plus touchées, enfin concernées (plus approprié car je ne m'apitoie pas sur leur sort non plus...) sont fortunées. Certes à la fin de la crise, les personnes fragilisées auront le plus subi, et les personnes fortunées regagneront vite beaucoup trop d'argent, mais elles restent les premières victimes.

Kok a dit…

La grosse différence étant que les personnes fortunées ne perdent "que" de l'argent mais ils ont en général déjà un toit assuré.
Ceux qui ont pris un emprunt à risque sont endettés jusqu'au cou mais en plus, ils n'ont plus de maison puisqu'en général, elles étaient en hypothèque et que les banques leur ont repris.

Que des personnes fortunées perdent de l'argent en Bourse, c'est quelque part normal, c'est le "jeu" et ils connaissent les risques mais ceux qui ont souscrit des emprunts à risque ont fait confiance au gouvernement qui leur disait : "Allez-y acheter à taux faible (mais variable rappelons-le), l'immobilier n'est pas près de baisser" et du jour au lendemain, leurs mensualités ont augmenté de façon vertigineuse.
Il faut quand même souligner que le gouvernement américain est en partie responsable de cette crise car parier sur une hausse constante et durable de l'immobilier était très risqué. Je suis persuadé que leur but n'était ni plus ni moins de relancer l'économie à un instant T en sachant pertinemment qu'il y aurait des retombées plus tard.

Dernière petite chose à mettre en avant : si un dixième de l'argent injecté pour résoudre cette crise avait servi à combattre la faim dans le monde, le problème serait résolu pour quelques années et peut-être bien que ça relancerait l'économie mondiale ...

Anonyme a dit…

Clair, je suis assez d'accord avec ta dernière phrase : quoi qu'on pense de la situation et de ce qui nous a amené là (et tu me connais suffisamment pour imaginer ce que j'en pense...:), c'est assez indécent de se dire que l'on est capable de mobiliser plusieurs centaines de milliards d'euros en quelques jours pour sauver un système financier, alors qu'il faut des années de négociations pour financer des questions alimentaires ou sanitaires...
Je sais bien que ces sauvetages sont indispensables si l'on ne veut pas que tout se casse la gueule d'un seul coup, ce qui ferait des dommages collatéraux collosaux, mais ça fait quand même mal au popotin...

Anonyme a dit…

Ma remarque était très mal tournée et écrite un peu hâtivement... Je suis tout a fait d'accord avec toi : les populations les plus fragiles subissent les caprices d'une minorité privilégiée.

En France, le débat sur le sur-endettement n'est pas neufet a fait l'objet de plusieurs mesures. D'ailleurs, de nouvelles devraient être adoptées. Via ces mesures, la France est un peu plus épargnée que les Etats Unis. De ce fait, les personnes les plus touchées maintenant sont celles qui ont joué, et perdu. Les conséquences les plus lourdes sont à venir avec les prochaines vagues de licenciements et la remontée du chômage... faisant suite aux restrictions budgétaires de ces dernières semaines (ce qui concerne ici les personnes les moins aisées).

La crise montre la fin d'un modèle, en tout cas ses limites. Malheureusement, je ne vois pas nos dirigeants capables de renoncer à des résultats immédiats pour adopter des visions à plus long terme, qui dépassent la durée de leur mandat, ou de l'exercice fiscal... Les crédits résument parfaitement cette vision : « tout tout de suite, s'il y a des problèmes, on verra plus tard, on a le temps... »

En référence à l'article cité plus haut, il s'agit de l'article « Le grand bluff des marchés financiers » (Sciences et Vie de septembre 2006 – n° 1068). L'article fait suite aux travaux de Benoît Mandelbrot (père de la géométrie fractale) et d'autres chercheurs travaillant sur des modèles économiques alternatifs. Les théories sont en fait basées sur les travaux de Louis Bachelier, au début du XXe siècle. Son modèle est "Gaussien" (atténuation des fortes variations) : exemples chiffrés, les crise de 1929 et 1987 avaient une probabilité infinitésimale de se produire(1 chance sur 10^50). Autre exemple, la bourse américaine, sur le siècle dernier, a connu 1001 jours de variations supérieures à 3,4% contre 48 prévus dans le modèle de Bachelier.
Mandelbrot et ses collaborateurs pourraient être considérés comme les Kepler (un des premiers à dire que la Terre n'est plus le centre de l'Univers) de l'économie.
En tout cas, son modèle est marginalisé par les financiers, car trop pessimiste.

Enfin, John Nash a élaboré la théorie des jeux qui a conduit à la révolution de la théorie des marchés financiers (années 1950).

Vince a dit…

Je suis heureux de voir qu'on en vienne à parler de Benoît Mandelbrot. A l'époque j'avais adoré son livre sur les objets fractals. Je suis devenu assez fan de l'auteur (je l'ai même vu une fois en conférence à Lyon). Bref j'y avais repensé en voyant ce qui se passe actuellement à la bourse. Son modèle des fluctuations de la bourse montre en effet que la vie n'est pas forcément aussi rose que ce que veulent entendre les financiers. Pour résumer (et si mes souvenirs sont bons), il voit la bourse comme un système très interactif, donc non linéaire, d'où des moments de forte variation. C'est chaotique par nature donc à moins de le réguler sérieusement il y aura toujours des crises. D'un autre côté trop réguler ça enlève l'intérêt de la chose. Au fait c'est quoi l'intérêt de la bourse à la base ?

Kok a dit…

Merci bien pour toutes ces infos, je ne savais pas que Mandelbrot était plus qu'un mathématicien.
Merci Ramon pour toutes ces références, je vais prendre le temps de lire tout ça.
C'est vrai qu'en France, on est un peu plus à l'abri qu'aux Etats-Unis mais ne nous voilons pas la face pour autant, comme tu le dit Ramon, le sur-endettement existe aussi ici.

Anonyme a dit…

Bon j'en aurais des choses à dire sur ce sujet, mais il me faudrait du temps pour chercher et illustrer mes propos.
Ceux qui me connaissent savent quel est mon bord mais j'apporte pour commencer une précision, c'est plus l'ultra-libéralisme (ou néo-liberalisme) que le capitalisme qui est mis en cause par cette crise financière.
Ensuite concernant la taxe tobin, je vous conseil d'adhérer à ATTAC qui pousse cette taxe depuis la fin des années 90 et qui fait un gros travail pour comprendre et proposer des pistes économiques.
Enfin nous allons peut-être tous sentir les effets de cette crise sur notre quotidien mais ça sera l'occasion de le repenser

Bon courage à tous