jeudi 13 décembre 2007

Immigration choisie ... ou pas

C'est l'histoire d'un malien qui souhaite venir faire des études en France. Il s'appelle Syré Diallo, il a obtenu une place à la fac de St-Etienne après avoir réussi ses études de droits à Bamako et souhaite avoir un visa étudiant. Il a une amie française, Géraldine, qui l'aide à faire toutes les démarches mais malheureusement rien n'y fait, on lui refuse son visa.
Alors ils décident de se mobiliser en sollicitant l'aide de leurs amis et des amis de leurs amis (dont je fais parti) et ils leur demandent d'envoyer une lettre à Bernard KOUCHNER. Ils sollicitent aussi l'aide des élus, ce que JL Gagnaire (PS, Saint-Etienne) et JL Touraine (PS, Lyon) acceptent de faire en envoyant également une lettre à Bernard KOUCHNER. En tout, 377 personnes ont signalé à Géraldine avoir envoyé cette lettre mais la réponse reste toujours la même :
L'intéressé ne remplit pas les conditions requises pour la délivrance du visa
sans aucun motif de refus.
La rentrée est maintenant 2 mois derrière nous, Syré a 29 ans et il sera difficile d'obtenir à nouveau une place à la fac l'année prochaine et franchement ... à quoi bon si il ne peut pas avoir de visa ? D'autres pays sont plus ouvert.

Alors on parle d'immigration choisie mais on refuse même les étudiants qui parlent français et qui ont une place qui les attend sur les bancs de la fac. Moi j'appelle ça la fermeture des frontières ni plus ni moins. Et vive les droits de l'homme ! Ça devient difficile de faire des leçons de morale aux chinois, à Poutine ou même à Khadafi après ce genre d'exemple. En même temps, quand Sarkozy félicite Poutine pour sa victoire et invite Khadafi à l'Assemblée, il n'y a plus beaucoup d'illusions à avoir ...

Il y a vraiment des jours où j'ai honte de mon pays ... Vous avez jamais l'impression que l'eau devient de plus en plus chaude ?

Si vous voulez un peu plus d'informations, vous trouverez la lettre-type envoyée à Kouchner ici et le mail de Géraldine sur la situation au 9 décembre 2007 ici au format PDF.

2 commentaires:

Lucie a dit…

Ce n'est pas nouveau que les frontières sont fermées, enfin elles ne le sont pas complètement car beaucoup d'immigrés seront amenés à les franchir dans l'autre sens. J'ai moi aussi aidé un malien l'année dernière, il devait suivre la même formation que moi à la FAC, lui non plus n'a jamais eu son VISA ...

L'Etat (via le département du Rhône) veut se donner bonne figure en leur proposant des cours de français. Seulement ces cours sont assurés par des employés de la préfecture ou des gendarmes à la retraite. Ceux-ci suivront une formation de seulement 38 heures pour apprendre la pédagogie et à enseigner une langue. Les formateurs de Français Langue Etrangère peuvent être recrutés à condition d'avoir validé un bac +4 MINIMUM. Les pauvres immigrés apprendront le français avec des formateurs trop peu formés qui seront payé 2x plus qu'un formateur diplômé.

Les centres de formation n'ont pas été sollicités pour ce projet CLEF ce qui nous fait nous demander le pourquoi du comment. On trouve étrange le fait que seuls des personnes se sentant peu impliquées par la question de l'immigration soient sollicitées. Il faut savoir que les immigrés passent le DILF (Diplôme Initial de Langue Française) à l'issue de leur formation de français et que ne pas obtenir ce diplôme peut entrainer un refus du renouvellement de la carte de séjour ... C'est le métier d'un formateur de FLE d'aider les immigrés à mieux vivre en France en leur enseignant la langue. Un employé de bureau aura-t-il la même motivation ? Rarement.

La France, grand pays d'immigration, ne veut malheureusement plus s'enrichir de la culture des autres pays du monde mais s'enrichir financièrement dans sa petite bulle à la bonne odeur de camembert...

Anonyme a dit…

Une histoire, un petit peu moins triste, mais qui montre bien le ridicule de la politique d'immigration Française (je ne cite pas de nom ni de lien, histoire de ne pas renverser une situation devenue positive).
Il y a quelques années, un clandestin Polonais s'est présenté au restos du cœur comme bénéficiaire, puis, à force d'être là, en est venu à donner un coup de main, puis à sympathiser (contre toutes les règles des restos d'ailleurs), et à habiter chez des amis Français. Il file de boulots au noir (il est ouvrier du bâtiment) en squatt de passage, jusqu'à ce que la Pologne devienne membre de l'union européenne, l'aubaine. Il dépose donc une demande de permis de travail (c'est pas si simple que ça en fait de travailler en France quand on est Polonais, même pour les plombiers...), en étant aussi honnête sur sa situation que possible, se doutant bien que tout mensonge se retournerait contre lui. Il déclare ses amis comme "famille d'accueil", c'est à dire pied-à-terre touriste, mais pas comme domicile pour ne pas les mouiller au cas où ça tourne mal. Au final, le dossier avance, mais il reste un point qui bloque : bien qu'ayant déposé en main propre, en préfecture Française, tous les éléments de son dossier, il se voit demander un certificat d'aptitude médical au travail... à la médecine du travail de Varsovie !
Au final, le visa à couté un billet d'avion aller-retour, puisque l'administration française a jugé que la médecine du travail française n'était pas compétente, l'intéressé ne pouvant travailler en France sans permis de travail...

Comme quoi, même au sein de l'union européenne, on choisit son immigration : si tu n'as pas les moyens de prendre l'avion, tu ne travailles pas en France...